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    Mousse d’arbres
    (absolue)
    Plus douce, moins acide, moins moisie, plus suave, la mousse d’arbres est aussi moins marine, moins iodée que la mousse de chêne, tout en conservant cependant un hâle subtilement océanique. Végétal à la fois doux et sombre, comme enténébré, tapi dans l’ombre, elle dégage une patine un peu goudronnée, comme caramélisée, comportant en fond des accents de ciste, de castoreum et de gaïac. L’atmosphère est feutrée, comme silencieuse ; l’odeur ronde, mais très intérieure. A cette évocation, on songe au climat un peu souterrain d’une épice, mais il y a aussi comme une empreinte animale dans cet univers végétal, d’où sortent également des exhalaisons de vieux bois. La note de fond, possédant des accents légèrement moisis, subtilement marins, évoque l’océan et l’ambre gris. Sans doute moins sophistiquée, moins évocatrice que la mousse de chêne, la mousse d’arbres (un peu comme le cèdre du Texas par rapport au cèdre de l’Atlas) apporte une version plus élémentaire, plus basique, mais aussi plus générique de la fragrance de mousse, permettant ainsi, sur le plan de la composition olfactive, des associations plus élargies.
    Associée au patchouli, la mousse d’arbres produit un boisé dense, profond, mystérieux, impénétrable, velouté et suave : une base idéale et très réussie pour des compositions boisées. Dans cette liaison, le patchouli se fond dans la mousse, comme si on se trouvait au fond d’une forêt tropicale de laquelle on n’aperçoit pas le ciel. Même atmosphère de jungle épaisse, de lit boueux, avec le santal : la mousse produit un bois sombre, énigmatique, suggestivement sauvage, le santal se coulant dans sa patine comme enlisée. La touche de fond, dans une ambiance toujours très pénombrée, fait cependant ressortir davantage les notes distinctives du santal. Le vétiver, quant à lui, s’affirme de manière plus franche dans l’échange, adoptant une nuance boisée plus profonde, moins verte et acide, de sa senteur. Mais la note de fond retourne à l’ombre, dérivant vers des couleurs boisées à la fois sombres et suaves.
    C’est cependant associée à des senteurs plus épurées, plus aériennes, que la mousse d’arbres fait davantage ressortir ses qualités d’entremise: avec elle, le cèdre devient profond, tout en restant lumineux. L’accord, très équilibré et raffiné, est splendide. Le cèdre du Texas, quant à lui, perd sa sècheresse un peu terne, gagnant en ampleur et sensualité, adoptant une teinte presque ambrée très suave. Conjuguée au laurier, la mousse développe une senteur sensuelle, voluptueuse, enchanteresse même, magnifiquement orangée en tête, évoluant ensuite vers un boisé plus dense, mais toujours sublimement aromatique et comme fruité: un des accords les plus réussis. L’alliance avec l’encens, pour sa part, est surprenante : joyeusement printanière en tête, la fragrance exhale au départ des odeurs fraîches de fleurs mentholées, tout à fait délicieuses, pour évoluer ensuite, en fond, vers une note résineuse et boisée très originale. Le bois de rose se marie remarquablement aussi avec elle, fixant ses notes dans sa teinture, parfumant sa patine, ce qui produit en fond un boisé profond délicatement mystérieux. La lavande d’altitude, quant à elle, prend une profondeur veloutée avec elle, très envoûtante: une alliance fine et réussie. La mousse d’arbres fixe remarquablement les notes clémentinées de l’oppoponax dans son sillage, leur procurant densité et profondeur, pour évoluer ensuite vers un boisé hespéridé particulièrement raffiné. L’alliance avec le néroli, du même acabit, donne toutefois un résultat moins probant.

    #50056
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    Pin Laricio de Corse
    (huile essentielle)
    Tempérament taciturne et ombrageux, le pin noir porte bien son nom : la note de tête, à la fois âpre et montante, très sourdement boisée et résineuse, comme épicée, est à peine térébenthinée. L’odeur, dense et profonde, devient légèrement plus aromatique en cœur, dégageant un arôme finement camphré, mais toujours amer et épicé, presque fumé. La senteur générale, peu séductrice, très sauvage, presque animale, dégage une impression de force intérieure, de puissance contenue, de violence rentrée. Tout est étrangement intériorisé dans cette fragrance sourde, faisant penser au silence troublant qui précède l’éclatement de l’orage. C’est ce qui fait la force de son attrait : plus on sent ce parfum, plus on désire pénétrer l’obscurité de sa virilité impavide. On réalise alors, émerveillé, que cette noirceur débouche sur un jour, que cette senteur, sombre et austère, contient mille autres odeurs (genièvre, cyprès, myrte, romarin, mousse d’arbre, noix de muscade, poivre noir) constituant autant d’entrelacs chatoyants (entre le marron, le violet et le pourpre), comme les reflets qu’un feu de cheminée crée dans l’obscurité d’une pièce par la danse de ses flammes. Il faut sans doute aimer les journées sombres d’hiver, les promenades en forêt, le feu de bois, le soir, dans une maison de campagne, pour apprécier cette senteur unique. Mais pour celui qui fait le pas, elle reste inoubliable.

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