12. LE TRIBUNAL DE TOMBOUCTOU

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Le tribunal de Tombouctou

Apres une semaine sans me donner la moindre nouvelle, la police est venue un matin a 10 heures sans avertissement me chercher a l’hôtel et je me suis retrouvé au tribunal pour être jugé.

Au moins ici la justice marche vite, c’est pas comme en Italie.

Je n’étais pas assis depuis une demi heure qu’une rixe a éclatée dans le bureau de mon juge. Deux énergumènes en sont sortit en hurlant et en se donnant des coups de poings.

Ce n’était pas un juge et son condamné comme je l’avais imaginé, c’étaient deux juges.

Le chef chef des juges a convoqué tout le monde pour tasser l’histoire, il y a passé la journée et moi, pauvre inculpé j’ai du attendre sept heures dehors. Il fait chaud a Tombouctou en ce moment, 40°, mais il n’y avait pas de moustiques, c’est déjà beaucoup.

A la fin le chef des juge m’a reçut et m’a dit qu’il était tard et que je devrais revenir Lundi pour qu’il statue sur mon sort.
En fait le soir même il était en route pour Bamako où il était convoqué d’urgence suite au scandale de la bataille des juges. Toute la ville en parle, le portable parle plus vite et plus loin que le tam tam de brousse.

Le Lundi son substitut me reçoit et tout de suite il écrit en rouge CSS sur le dossier : Classé sans suites.

Je suis innocent et libéré. L’inspecteur me dit que j’ai eu beaucoup de chance de na pas passer ces jours ci sous les verrous. Il semble que les imams de la ville ont pesé sur les autorités pour m’éviter le pire. Ils ont dit aux policiers que je travaillais pour Dieu seul et que j’étais un marabout très puissant, si je faisait une malédiction sur eux ils mouriraient tous.

Le jour suivant je récupérais tout mon matériel et mes documents, mais j’étais quand même resté presque deux semaines prisonnier au mali, sans passeport et sans possibilité de quitter le pays.
Drôle de façon de recevoir les financeurs étrangers.

Je suis passé au commissariat pour présenter mon autorisation de pratiquer l’acupuncture, document que je m’étais fait envoyer par fax de l’Italie. Le commissaire m’a assuré sans sourciller qu’il avait lui-même suivit minute par minute le bon dénouement de l’affaire et qu’il avait usé de toute son influence pour que tout aille bien. Et pourtant c’est lui-même qui m’a «envoyé en justice» comme on dit ici.
Il a même ajouté que quel que soit le problème que j’ai, je ne devais pas hésiter a venir le voir.
En tout cas, moi je ne suis pas fou!

Je dois cependant dire que le deuxième homme qui était venu m’arrêter, l’inspecteur Koné, a compris tout de suite que je n’étais ici ni comme terroriste ni comme charlatan, et c’est bien en grande partie grace a lui si je n’ai pas passé ces jours bien au chaud en prison.

Le nœud du problème reste; qui m’a dénoncé? J’ai bien lu le procès verbal ; « suite a la dénonciation d’une personne qui désire garder l’anonymat… ». Ce doit être un personnage de poids a Tombouctou, si le commissaire principal a du aller jusqu’au bout et m’envoyer au tribunal bien qu’il aie compris l’absurdité de l’affaire; condamner une personne parce qu’il soigne les gens gratuitement…

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